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il y a 4 ans
Ça fait quatre nuits qu’elle dort seule, qu’elle s’occupe l’esprit, qu’il lui manque. Quatre nuits pour cinq jours de formation à plusieurs centaines de kilomètres.
En glissant sa clef dans la serrure de l’appartement qu’ils partagent, il entend le martèlement discret, les pieds nus de sa compagne se précipitant vers la porte d’entrée. Il n’est pas surpris de la trouver dans sa robe favorite, celle qui épouse parfaitement la rondeur des fesses, invite à y poser la paume.
Elle a faim de lui.
Il est d’humeur joueuse.
Un mordillage de lobe d’oreille par-ci, une main s’attardant sur ses hanches par là. Il la taquine, mais rien de plus, jusqu’à ce qu’il soit trop tard de toute façon, puisqu’il est temps de sortir dîner.
Interminable parenthèse faite de conversations creuses.
Elle lit son message, discrètement envoyé entre deux gorgées de vin : « Cette nuit ». Tant de promesses en deux mots. Elle peste, grande actrice, contre ce Sauternes qui lui fait monter le rouge aux joues.
Ses ongles vernis dansent inlassablement sur la barre du métro, l’écho saccadé s’évanouissant dans le vacarme de la rame. Elle a chaud, elle est nerveuse, impatiente, excitée. Le trajet du retour n’en finit pas.
Il savoure l’état dans lequel il l’a mise. Il garde un oeil attentif sur la chorégraphie de ses doigts, la façon dont elle se mord la lèvre inférieure, joue avec la bandoulière du sac qui lui ceint la poitrine.
Cette nuit, c’est maintenant.
Ses talons volent sur les escaliers du métro. Elle le tient par la main, l’entraîne à sa suite.
Dans l’ascenseur de l’immeuble, il lui refuse sa bouche mais lui effleure les seins à travers sa robe, attentif au souffle de sa compagne, de plus en plus court à chaque étage. Sept paliers pour la mettre à sa merci. La porte claque derrière eux, fait office de coup d’envoi.
Lui aussi a eu du mal à attendre. Les lèvres brûlantes, il la déshabille en quelques instants, l’empoigne, la plaque contre le mur, s’invite sous sa langue. Elle est hors d’haleine lorsqu’il s’écarte pour la dévorer des yeux, suivre la progression de l’écarlate s’étirant sur ses pommettes.
Elle ne veut pas être patiente, ne veut plus jouer. Elle essaie le regard mutin par en-dessous, aussi plein d’innocence feinte que de potentialités. Un chuchotement, presque un murmure, enivré de désir.
— Baise-moi.
Parfois ça suffit. Mais réclamer reste un pari risqué. Comme à chaque fois qu’elle tente sa chance, un délicieux frisson d’appréhension lui parcourt le ventre.
Il sourit, l’embrasse tendrement, lui parcourt le cou jusqu’à la naissance des épaules. Elle soupire de soulagement lorsqu’il déboucle sa ceinture, fronce les sourcils avec inquiétude quand il la retire entièrement.
— Tourne-toi. Cambre-toi. Tu mérites une punition, tu le sais.
Docile, elle se plaque contre le mur de pierres, les deux mains cherchant où s’agripper sur la paroi. Se juche sur la pointe des pieds, comme il l’aime, le dos arqué vers lui.
Il fait durer l’attente juste assez longtemps pour qu’elle frémisse, entre crainte et impatience.
L’exclamation de douleur qu’elle pousse quand le cuir s’abat sur ses fesses est sa première erreur. Il lui saisit les cheveux, lui intime le silence. Le contrat est clair : douze coups lorsqu’elle réclame. Davantage si elle désobéit. Et sans un bruit.
Elle se mord furieusement les lèvres pour les garder fermées, tente sans succès de se concentrer sur la fraîcheur du mur contre ses seins. Ses cris encombrent sa gorge, l’empêchent de maîtriser son souffle. Deux fois, elle perd le contrôle, retombe sur ses talons. Elle se rend compte à quel point elle est sensible lorsqu’elle devine les noeuds du parquet tiède sous la plante de ses pieds nus.
Ce sera donc quatorze coups. Qui la laissent à vif, frémissante, brûlante. Obéissante, surtout.
Elle frissonne lorsqu’il se presse contre elle, l’érection plaquée contre ses fesses rougies. Un avant-goût de ce qu’elle doit encore remporter.
D’une main ferme sur la nuque, il lui fait traverser leur appartement, la jette sur le lit. Il prend le temps d’allumer la lampe de chevet. La lumière éclabousse la peau de sa partenaire, parcourue par une discrète chair de poule.
Un genou sur le matelas, son sourire n’ayant pas quitté ses lèvres, il se penche sur elle, écarte les mèches de cheveux lui obstruant la vue.
— Fais-toi jouir puisque tu en as tellement envie. Tu as une minute.
Sans le quitter du regard, elle obéit. La honte se mêle au plaisir, lui brouille l’esprit. Entre ses cuisses, ses doigts sont vite trempés. Elle est si sensible qu’elle se fait presque mal. Lui se contente de la contempler, un oeil sur sa montre.
— Trente secondes.
Cambrée vers son homme, elle se laisse aller à gémir jusqu’à ce qu’il lui saisisse la gorge pour lui couper le souffle.
Il aime l’observer jusqu’au bord de l’orgasme, attendant sa permission, toujours indispensable pour qu’elle puisse se libérer. Il l’empêche de parler, mais elle le supplie du regard, le ventre déjà parcouru de spasmes. Il savoure ces quelques secondes sur le fil et hoche la tête en relâchant la pression de sa paume.
Elle jouit en retrouvant le souffle et la voix, se plaque contre son torse pour y étouffer ses cris de plaisir. C’est toute la frustration de ces froides nuits sans lui qui l’inonde, se répand en elle, fait trembler ses lèvres.
Puis elle noue ses chevilles autour de lui, frémit quand la rugosité du jean vient épouser son sexe à fleur de peau. Il embrasse le sel de son cou.
— Tu t’es bien comportée.
Il lui mordille les tétons, écoute son coeur qui s’est emballé. Elle se lèche les doigts et reprend sa respiration.
Il a assez fait durer le plaisir, s’abandonne à ses propres désirs.
— À quatre pattes. Ouvre la bouche.
Elle aime l’entendre haleter lorsqu’elle enroule sa langue autour de sa queue, le sentir tressaillir et refermer le poing dans ses cheveux. Elle n’essaie pas de donner le rythme, le laisse la prendre comme il la prend toujours.
Il s’enfonce profondément jusqu’à lui couper la respiration, jusqu’à lui faire perler des larmes spontanées au coin des yeux. Si elle pouvait reprendre son souffle, elle se laisserait aller à un soupir de contentement.
Elle perd la notion du temps, s’abandonne.
Il finit par libérer ses lèvres, la laissant en sueur, les cheveux emmêlés, hors d’haleine. Il la rejette sur le dos, en travers du lit. Lui impose un baiser sans tendresse, forçant sa langue contre la sienne, mordant presque jusqu’au sang.
Sous l’autorité de son amant elle sent sa volonté vaciller.
— Tu peux réclamer, maintenant.
Il lui a tant malmené la gorge que sa voix en est devenue un peu rauque. Elle le supplie de la baiser. Elle promet d’être docile, ne demande qu’à être utilisée, s’offre à lui toute entière, nue et trempée, exactement comme il l’aime.
D’une paume sur sa bouche, il coupe court à son asservissement. Il laisse échapper un gémissement quand il la pénètre, s’enivre de son sexe étroit et brûlant, comme à chaque fois qu’elle lui ouvre ses cuisses. Il la force à remonter les mains au-dessus de l’oreiller, à arquer ses seins vers lui.
Elle le sent dur, vibrant, se force à rester immobile malgré la puissance de ses coups de reins.
Lassé de lui maintenir les poignets, il l’oblige à s’agripper aux barreaux du lit, lui laissant le champ libre sur son corps, et profite entièrement d’elle. Ses mains sont partout, lui meurtrissent les tétons, pèsent sur son ventre, agrippent ses fesses.
Elle halète sous ses doigts, invités de force sur sa langue.
Elle se contrôle avec difficulté, juste assez pour lui demander la permission de jouir, sans être sûre de pouvoir se retenir. Il refuse. Oublieuse de sa position, elle proteste, récolte une gifle qui heurte sa mâchoire. Le choc lui fait vibrer la tempe.
Il la malmène jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus et tremble comme une feuille sous ses yeux. Il prend le temps de mordre tendrement sa lèvre inférieure, comme une cruelle esquisse de baiser.
Alors seulement il lui octroie un orgasme. Un orgasme qui la fait frémir du bout des orteils jusqu’au fond du ventre, lui arrache des gémissements incontrôlables. Un orgasme qui la fait se cambrer et se resserrer encore davantage autour de sa queue.
Mais jamais elle ne détourne son regard du sien, jamais elle ne lâche les barreaux du lit.
L’urgence rendant ses gestes brutaux, il ne se retire que le temps de la mettre à quatre pattes, lui ordonne de se cambrer d’une pression sur le creux des hanches. Il maintient son amante d’une paume ferme lui pesant sur la nuque. Les muscles de ses épaules sont tendus à l’extrême, ceux de son ventre aussi. Il sent à peine ses bras trembler.
Les fessées claquent violemment sur une peau déjà rougie. Habitué à maîtriser sa soumise, c’est l’intensité de son propre désir qu’il peine à contrôler. Il accueille avec soulagement la vague de chaleur qui fait frémir son sexe. Il est temps.
Il se rend à peine compte qu’il lui mord l’épaule au moment de jouir, enfoncé au maximum entre ses cuisses, la possédant, la remplissant.
Il ne veut pas se retirer. Il reste en elle. Il relâche son étreinte, mais elle ne veut pas qu’il la quitte. Il embrasse son dos salé de sueur, lui caresse les cheveux, reprend son souffle. Elle sourit dans l’oreiller, comblée.
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